Il n’y a pas de recette miracle pour être un bon prof !

Publié le 16 Mars 2018

 

 

 

 

Dans la carrière d’un prof, ses premiers cours sont souvent synonymes de doutes et de stress. Elsa Lang Ripert, directrice de l'ESPE de Bourgogne, livre des conseils aux nouveaux enseignants pour les aider à franchir le pas.

 

En sortant de formation, le jeune enseignant est-il correctement formé à la réalité du terrain ?

Suivant le contexte professionnel dans lequel l’enseignant va évoluer, sa réalité va être très différente. Il n’existe pas une seule réalité du terrain ! Dans les ESPE, nous outillons les futurs enseignants pour qu’ils soient justement capables de faire face à ces différents contextes professionnels et ainsi être en phase avec les diverses réalités du terrain. Plusieurs exemples vont permettre dans la formation de répondre à ces exigences : la réalisation de stages en M1 et en M2 dans divers contextes d’enseignement (maternelle, collège, etc.), des cours théoriques liés à la discipline du futur enseignant (français, maths, philosophie, etc.), la formation par la recherche que ce soit en sciences de l’éducation, en didactique ou en sciences cognitives, la formation au numérique…  En ESPE, le jeune prof apprend aussi à avoir recourt à des méthodes, à des pédagogies et à  des outils innovants. Le but ? Les utiliser par la suite en classe devant ses élèves. Enfin, il est essentiel de rappeler que les masters MEEF de l’ESPE sont des formations universitaires professionnalisantes. Elles mobilisent des équipes pédagogiques issues d’horizons très différents (enseignants-chercheurs, enseignants des premier et second degrés, professionnels en exercice dans l’éducation nationale : inspecteur, CPE, chef d’établissement, etc.). Ces équipes-là vont intervenir tout au long du parcours de formation. Ainsi, les futurs profs sont formés par des équipes pluri-catégorielles, toujours en contact et en phase avec l’exercice du métier.

Quel comportement doit-il adopter à peine arrivé devant ses élèves ?

Il n’y a pas de recette miracle pour être un bon prof. Par contre, pour l’aider dans cette démarche, le nouvel enseignant doit en premier lieu construire sa posture professionnelle en adéquation avec ce qu’il est. Autrement dit, trouver son style ! Dès ses premiers cours, il doit respecter ses élèves et leur faire confiance, installer un climat de classe bienveillant et propice aux apprentissages, être patient et à l’écoute mais aussi faire preuve d’une grande rigueur dans le temps de préparation des cours. Enfin, pour être efficace dans son enseignement, ce jeune collègue doit aussi veiller à bien réfléchir à son organisation de travail et aux dispositifs pédagogiques utilisés en se demandant par exemple si ces derniers auront un impact bénéfique sur les apprentissages. La réussite des élèves doit constituer l’une de ses principales priorités.

S’il rate un cours ou a du mal, est-ce grave ?

Faire cours n’est pas une science exacte. Qu’il soit jeune ou expérimenté, n’importe quel enseignant peut ne pas avoir atteint ses objectifs en fin de cours. L’échec ou l’incertitude n’est pas uniquement réservé aux nouveaux profs.
En réalité, la question n’est pas de savoir si un enseignant rate un cours ou pas mais s’il est capable d’analyser sa pratique. A la fin d’un cours qu’il considère « mauvais », il doit dresser un bilan : « Voilà, quels étaient les objectifs d’apprentissage aujourd’hui, et voici ce qui s’est produit dans ma classe. » Ce jour-là, il mesurera sûrement un décalage certain entre ce qu’il avait prévu de réaliser et ce qui s’est réellement passé. Il devra alors réfléchir aux hypothèses qui expliqueront ce décalage et devra envisager immédiatement des remédiations pour le prochain cours, qui sera sans doute meilleur. Rater un cours n’est donc pas fatal, il faut juste savoir rebondir en adoptant une posture réflective. Celle-ci est au cœur du métier d’enseignant. Dans les ESPE, nous le travaillons au maximum car c’est elle qui va nous faire avancer, évoluer et progresser. Elle représente une clé de réussite dans le métier.

Peut-il trouver du soutien auprès de ses collègues ?

Tout à fait. La solitude est un désavantage professionnel et humain redoutable pour l’enseignant qui débute. Régulièrement, le jeune enseignant pense qu’il est le seul à avoir des soucis et n’ose pas en parler. C’est très compliqué de partager un échec. Mais, bien au contraire, c’est souvent en discutant avec les autres enseignants, qu’il se rendra compte qu’il n’est pas le seul à connaître des difficultés. La salle des professeurs est un lieu privilégié pour rencontrer les autres professeurs mais dans certains établissements, c’est au moment des repas ou dans les intercours, devant la machine à café que les échanges ont lieu. On s’y enrichit de la fréquentation des points de vue des autres. Mais il n’y a pas qu’auprès des collègues qu’il puisse se procurer de l’aide : il existe toute une communauté ! En primaire, il peut par exemple s’adresser au directeur d’école, au conseiller pédagogique, à l’inspecteur de circonscription, etc. Dans le secondaire, il est possible de se confier au chef d’établissement ou au CPE qui connaît, en général, bien les élèves. Dans tous les cas, il ne faut surtout pas hésiter à aller chercher du soutien !

Quelles sont les difficultés typiques du jeune enseignant ?

La première difficulté du jeune enseignant va être de sortir des représentations qu’il a du métier. Dans la plupart des cas, un nouveau prof s’est orienté vers cette profession car il a été lui-même un bon élève. Or, il faut impérativement qu’il revienne dans le réel : passer de ce qu’il a vécu à l’enseignement d’aujourd’hui. Tous les élèves ne sont pas des enfants modèles et parfaits. L’école accueille toutes sortes d’élèves, y compris ceux qui n’ont pas envie d’apprendre. Puis il est important de dire que, dans ce métier, les enfants ne sont pas les seuls intervenants. Il ne faut pas omettre les parents ! Par ailleurs, au début de sa carrière, le jeune prof va sûrement varier les établissements avant d’obtenir un poste fixe. Il devra donc être en capacité de s’adapter aux nouveaux contextes d’enseignements (nouvelle équipe, nouveaux élèves, etc.) afin de faciliter son intégration. Autre difficulté typique : l’autorité. Il faut savoir placer le curseur au bon endroit. Il n’est pas simple pour un jeune enseignant de connaître le juste milieu : ni trop dans le laxisme, ni trop dans l’autoritarisme. Enfin, dernier point : le métier ne se résume pas au temps d’heures effectuées dans la classe, il existe tout un travail en dehors (préparation des cours et des devoirs, réunion, correction des copies, sorties scolaires, etc.). Ne pas savoir s’organiser dans son travail peut s’avérer très problématique pour l’enseignant, notamment s’il souhaite maintenir une vie personnelle.

Quels conseils transmettriez-vous à ces nouveaux enseignants pour éviter qu’ils ne soient découragés ou qu’ils ne baissent les bras ?

Il faut être patient et se donner du temps pour se construire en tant que professeur : ça ne se fait pas du jour au lendemain !  Par ailleurs, enseigner est un métier qui s’apprend, au sein des ESPE, mais aussi tout au long de la vie pour approfondir ses savoirs, faire évoluer ses méthodes, s’approprier les innovations ou acquérir de nouvelles compétences. Être enseignant offre la possibilité de se renouveler ou de donner un autre sens à sa carrière en accédant à des missions complémentaires (professeur principal, responsable d’un dispositif pédagogique, référent pour un champ d’action, etc.) ou à de nouvelles fonctions. Les opportunités d’évolutions de carrière sont en effet nombreuses (devenir formateur, inspecteur, chef d’établissement, etc.).

Rédigé par hl_66

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