Publié le 23 Novembre 2013
Le surendettement c’est quelque part la honte ultime pour un homme honnête.
Je vous passe les détails de la constitution du dossier avec sa multitude de justificatifs.
Chaque jour passé à faire ce dossier vous fait sentir de plus en plus minable.
Mais le grand moment est à venir : la remise du dossier au guichet de la Banque de France.
Les gens n’osent pas se regarder. Puis une voix au haut parleur vous demande de décliner votre identité. Qui plus est la voix ne comprend pas et vous devez vous répéter bien fort.
Un sentiment de honte ultime vous envahit…
J’avais trouvé le dossier sur internet ; j’avais fait au mieux. Les gens passent les uns après les autres et je m’aperçois qu’ils ne sont pas plus à l’aise que moi ce qui me rassure. Arrive mon tour de passer au guichet. La personne est finalement sympathique. Peut être que mon regard de chien battu lui inspire quelque pitié. Mais il faut que je refasse le dossier dans les chemises qu’elle me donne. Je m’exécute. Tout est correct je sors de cet endroit glacial. Le sort en est jeté.
Quelque temps plus tard je reçois un courrier de la Banque de France m’indiquant que mon dossier a été retenu par la commission. Enfin ! Un début de calme s’installe…
Mais il faudra près de 6 mois pour que tout se mette en place : figeage des impayés et arrêts de tous les prélèvements. Ce n’est pas pour plaire aux créanciers mais ce n’est le but. Là je me surprends à penser que la loi est finalement bien faite.
Le répit est de courte durée : la banque Accord (vous savez celle d’Auchan) a émis un recours contre la recevabilité de mon dossier. Panique à bord ! Mais le gestionnaire de la Banque de France qui s’occupe de mon dossier me rassure : ce n’est pas moi qui suis en cause mais la Banque de France. « Tout va bien se passer ».
Près d’un an plus tard la convocation du juge arrive. Je m’y rends avec une crampe à l’estomac. La semaine précédente j’ai lu et relu tout ce que je pouvais à ce sujet sur différents forums.
Au tribunal tout le monde est convoqué en même temps. Mais ceux qui ont un avocat sont prioritaires dans l’ordre d’ancienneté des avocats. La séance est publique ; la porte de la petite salle d’audience est grande ouverte. La petite jeune femme qui semble être le juge n’est pas commode et les cris fusent ! L’angoisse monte tout au long des 4 heures d’attente.
Je vois un couple de septuagénaires qui attend et je me demande ce qu’il peut bien faire là.
Je ne tarde à l’entendre lors de leur audience. C’est à celui qui criera le plus fort. La juge menace, le vieux monsieur finit par sortir au bras de sa femme la tête basse et l’air effondré.
Il ne reste plus que moi et c’est à mon tour.
J’ai du mal à commencer mon discours. Tant mieux car la juge ne tourne pas autour du pot : je suis en accession à la propriété, je n’ai qu’à vendre ma maison et honorer mes dettes. Un court instant j’ai envie de lui sauter de dessus, de l’injurier mais la fréquentation des tribunaux au cours des mes audiences de divorce m’a appris que cela ne ferait qu’empirer les choses. Alors je lui demande tout doucement ce qui va se passer pour moi maintenant. Et là elle change de ton pour me rassurer et me dire que mon profil était bon et que j’allais pouvoir m’en sortir autrement.
Curieusement lorsque je retrouve la rue en sortant du tribunal je ressens un immense soulagement.
Et si elle disait vrai ?
Il aurait peut-être une solution moins contraignante que celle imposée par la Banque de France ?
En rentrant chez moi je me fends d’un mail à la Banque de France pour leur demander ce que je peux faire maintenant. C’est peine perdue.
J’ai eu comme une parenthèse, une bouffée d’air, de vie.
Les ennuis vont reprendre de plus belle.