Publié le 29 Octobre 2016
METHODES DE TRAVAIL ET EDUCATION
Selon la formule consacrée, nous possédons entre les deux oreilles le plus extraordinaire des systèmes connus : notre cerveau. Cette fabuleuse machine est-elle pour autant efficace ? Nous a-t-on jamais donné son mode d'emploi, nous a-t-on appris à la faire fonctionner correctement ? Ce rôle est bien sûr dévolu en grande partie à l'école. Cependant que disent la plupart de nos maîtres "apprenez ce chapitre pour vendredi", "revoyez l'ensemble pour l'interrogation". En y réfléchissant bien quelle est la portée de ces injonctions ? Un but doit être atteint, mais comment y parvenir ? Quel élève a appris à apprendre ? Quel maître connaît ente autres, l'utilisation des intelligences multiples, le rôle du plaisir, du sommeil, de l'alimentation dans l'apprentissage et du fonctionnement cérébral ? Sans méthode constructive, beaucoup de temps perdu de part et d'autre, en tâtonnements et erreurs. S'y ajoutent pour chacun, incompréhension, stress et découragement.
Etre élève requiert d'acquérir des connaissances mais désormais surtout des savoir-faire et savoir-être susceptibles d'être réinvestis toute la vie. Une multitude de démarches pourraient être travaillées en classe : apprendre à se projeter dans le temps, s'organiser, développer attention et mémorisation, savoir s'exprimer à l'écrit et à l'oral, réfléchir par rapport à des situations nouvelles, innover, coopérer, etc. Le plus important étant probablement de pouvoir analyser et exploiter ses erreurs. Toutes ces aptitudes peuvent se forger à l'aide de méthodes de travail.
Ce type d'enseignement, sans stress, permettrait, grâce aux démarches adéquates, d'aboutir aux résultats demandés. La tâche de l'apprenant, de l'enseignant mais aussi des parents, deviendrait plus simple, plus rapide, avec une efficacité accrue. Tout résultat atteint donne alors confiance en soi, plaisir et motivation : voies vers l'autonomie.
VALORISER SES ERREURS
L'initiation aux méthodes de travail débute par une confrontation et une analyse entre son propre fonctionnement initial et la démarche souhaitée. En gardant à l'esprit le but à atteindre, l'apprenant constate l'écart existant, corrige ses erreurs et mauvaises habitudes, les modifie en fonction des résultats obtenus. La plasticité du cerveau permet d'essayer de nouvelles stratégies, de nouveaux comportements, de sélectionner et d'intégrer les bonnes recettes. Les compétences acquises se consolident ensuite par la répétition : les réseaux neuronaux se reconfigurent. Ainsi se met en place une boucle de rétroaction positive ; en créant des voies privilégiées de traitement de l'information, l'évolution du cerveau, sa progression, devient de plus en plus rapide.
Pratiquer des méthodes de travail efficaces implique évidemment de suivre la procédure indiquée, d'activer le point de vue d'autrui et non son propre point de vue. Cela permet de lutter contre ses impulsions contre-productives, de développer un contrôle de soi et surtout un contrôle cognitif ; capacités au cœur de nombreuses aptitudes.
En s'obstinant à pratiquer et répéter de manière assidue les bonnes méthodes, parfois fastidieuses, l'on repousse sa satisfaction immédiate pour une satisfaction à venir. Cette maîtrise de soi est un signe précurseur d'adaptation aux contraintes, promesse d'une réussite future facilitée.
LA CONSTRUCTION COGNITIVE NE S'IMPROVISE PAS
Nous sommes à la fois l'utilisateur mais aussi l'architecte et le maçon de notre cerveau. L'élève a besoin d'un maître pour le guider dans sa construction cognitive. Un maître convaincu par ce type d'enseignement : formé aux méthodes traditionnelles ayant fait leurs preuves mais sensibilisé aussi aux nouvelles perspectives pédagogiques procurées par les neurosciences.
Il nous paraîtrait invraisemblable d'aller chez un médecin ignorant tout des progrès médicaux accomplis depuis sa formation, par exemple en chirurgie cardiaque. De même, espérons que dans quelques années il nous paraîtra inimaginable de ne pas intégrer dans l'enseignement les découvertes des neurosciences. Depuis des lustres aucune rupture significative, aucun saut qualitatif, n'ont eu lieu dans notre système éducatif ; alors que des cohortes de nouveaux élèves nous sollicitent et, sans réponse satisfaisante, trop souvent décrochent.
Les textes concernant la réforme du collège mentionnent à plusieurs reprises l'enseignement des méthodes de travail. Qu'en sera-t-il en pratique ? Les enseignants ont-ils été préparés ? A quelles méthodes ? Leur à-t-on donné du temps dans les programmes pour les pratiquer, avec quelles ressources adaptées ?
Plus que jamais une des priorités éducatives consiste à transmettre aux élèves des méthodes de travail s'appuyant sur le fonctionnement du cerveau. Pour cela il est nécessaire de construire des approches pédagogiques plus dynamiques et plus individualisées, entre autres, grâce aux outils numériques. Développer le potentiel de chaque individu, tel devrait être le but de toute société ; "Il n'est de richesse que d'hommes" (Jean Bodin 1577).
Michel Coéffé est spécialiste des méthodes de travail depuis plus de 20 ans. Il a assuré la direction d'un groupe de recherche consacré à la mémorisation, comprenant des enseignants et des psychologues. Passionné par les neurosciences il applique à la pédagogie les dernières découvertes en ce domaine. Formateur d'enseignants pour les collèges et lycées, il a mis au point et testé ses conseils pendant plusieurs années auprès des élèves et professeurs. Michel Coéffé a écrit et réalisé une dizaine d'outils méthodologiques dont les "Fiches Méthodes de travail". www.educatop.com Certains outils sont traduits en plusieurs langues.