Publié le 27 Août 2020

Valérie Roumanoff

Je vous propose de renverser la machine en utilisant l’hypnose dans votre quotidien, mais cette fois-ci dans le bon sens! Nos pensées sont beaucoup plus puissantes que ce que l’on pourrait croire et changer de façon de penser, change notre façon d’appréhender le monde, et par ricochet nos émotions et nos actions.

 

HYPNOSE - L’autohypnose est accessible à tous, même si vous ne l’avez jamais expérimentée avec un hypnothérapeute. C’est un état naturel qu’on traverse plusieurs fois par jour, dans ces moments de rêverie où l’on est là tout en étant ailleurs. On pense ”être dans la lune” ou ”être déconcentré”, mais c’est bel et bien d’hypnose dont il s’agit. En induisant volontairement cet état modifié de conscience, cela nous permet d’avoir accès à nos ressources profondes (et souvent insoupçonnées).

L’autohypnose pour la confiance en soi

En réalité, on passe notre vie à s’hypnotiser sans le savoir. On se fait à longueur de journée des suggestions, le plus souvent négatives, comme par exemple: “encore une dure journée qui commence” ou ”ça ne va pas marcher” ou ”ça va mal se passer” ou encore “Je tombe toujours sur des hommes/femmes à problèmes”. Ces suggestions, à force d’être répétées, finissent par devenir vraies (et par nous gâcher la vie).

Je vous propose de renverser la machine en utilisant l’hypnose dans votre quotidien, mais cette fois-ci dans le bon sens! Nos pensées sont beaucoup plus puissantes que ce que l’on pourrait croire et changer de façon de penser, changent notre façon d’appréhender le monde, et par ricochet nos émotions et nos actions.

Il est tout d’abord nécessaire d’identifier ces phrases négatives que vous vous dites dans votre tête (car la plupart du temps on ne s’en rend même plus compte, tellement on y est habitué.) Ensuite, il suffit de changer légèrement la phrase pour que la suggestion devienne positive.

Par exemple:

  • Au lieu de “je ne vais pas y arriver”, dites-vous “je n’y arrive pas encore”
  • Au lieu de “je tombe toujours sur des hommes/femmes à problème”, dites-vous “je tombe parfois sur des hommes/femmes à problèmes”
  • Au lieu de “encore une sale journée qui commence”, dites-vous “je me demande comment va être cette journée”
  • Au lieu de “je n’en suis pas capable”, dites-vous “et si j’en étais capable?... »

Il ne s’agit pas de vous persuader que ce qui est noir est blanc, car votre cerveau ne va pas accepter une suggestion trop éloignée de ce que vous avez l’habitude de penser. Il s’agit seulement d’insérer ici ou là des mots comme “pas encore”, “parfois”, “peut-être”, “et si?... » qui ouvre l’éventualité d’une issue différente. En imaginant qu’autre chose est accessible, vous vous donnez de nouvelles possibilités et vous commencez naturellement à transformer votre vie.

L’autohypnose pour le sommeil

Le mot hypnose vient du grec húpnos qui signifie sommeil. L’état d’hypnose peut être très proche de l’état qui précède l’endormissement quand tout est calme à l’intérieur comme à l’extérieur. Parfois, le sommeil tarde à venir, car mille et une pensées nous assaillent de toute part, et plus on essaie de chasser ces réflexions, plus elles se multiplient. Alors, pour faciliter votre endormissement, vous pouvez imaginer (les yeux ouverts ou fermés, selon votre préférence) que vous rentrez chez vous avec un sac à dos ou une valise remplie de choses diverses et variées. Dans cette visualisation, vous avez un beau jardin dans lequel se trouve un arbre bien particulier. Il s’agit d’un arbre à soucis. Vous déposez une à une toutes les choses qui se trouvent dans votre sac ou votre valise et vous les suspendez aux branches de votre arbre à soucis. Aussitôt qu’elles sont accrochées, ces préoccupations disparaissent de votre esprit. Une fois ce travail effectué, vous pouvez rentrer chez vous, l’esprit en paix. Tout en sachant que vous pourrez retrouver toutes les choses importantes le lendemain matin quand il sera temps de s’en occuper. Et ce qui est étonnant, c’est que le plus souvent, au réveil, il y a beaucoup moins de choses suspendues que la veille au soir. De cette manière, vous pourrez dormir tranquille, en sachant que tout est en place et à sa place et que vous pourrez le lendemain utiliser efficacement toute l’énergie que vous aurez emmagasinée naturellement pendant la nuit.

Une autre façon de faire de l’autohypnose est de s’en remettre totalement à son inconscient. Comme je vous le disais, l’inconscient en hypnothérapie, est un réservoir de ressources. Consciemment, on ne sait pas qu’on possède ces ressources, et encore moins, comment y accéder. Mais votre inconscient, lui, sait très bien comment faire, car comme le disait Milton Erickson, le père de l’hypnose moderne: “Vous savez plus de choses que vous savez que vous savez”. Alors, pour avoir accès à ces ressources inconscientes, à ces connaissances cachées, vous pouvez vous installer confortablement, dans un endroit où vous êtes sûr de ne pas être dérangé pendant 10 minutes. Ensuite, vous commencez par fixer un point devant vous, un petit point légèrement au-dessus de votre ligne d’horizon. Quand votre vue se trouble, vous pouvez fermer les yeux et commencer à être attentif à ce que vous entendez (les bruits autour de vous, le silence, le son de votre respiration…), et à ce que vous sentez (le contact de votre dos avec le fauteuil, l’air sur votre visage, la température de votre corps…) en prenant tout votre temps, tout le temps du monde... Ensuite, vous imaginez un très bel escalier qui monte vers votre réservoir de ressources intérieures. Et plus vous montez ces marches, et plus vous descendez à l’intérieur de vous, sans qu’il n’y ait rien à faire, rien à réfléchir, simplement en laissant toutes les sensations naturellement agréables s’installer profondément en vous. Vous pouvez laisser vos pensées aller et venir, cela n’a aucune importance. Quand vous vous sentez suffisamment ressourcé, vous pouvez ouvrir les yeux et vous étirer pour profiter agréablement des bienfaits de votre séance.

Plus vous pratiquez et plus ce sera facile et naturel. En hypnose, rien n’est imposé ni obligatoire, c’est un espace de liberté que vous vous offrez et vous pouvez en bénéficier aussi souvent que vous le souhaitez.

Rédigé par hl_66

Publié dans #Réflexion

Publié le 24 Août 2020

Pierre Ropert

Dans leurs recherches sur le cerveau, les spécialistes des neurosciences tendent à préférer les droitiers aux gauchers, qui se retrouvent exclus des protocoles de recherches. Le but ? Eviter de fausser les données. Une injustice de plus, dans un monde pensé pour les droitiers ?

La latéralisation du cerveau caractérise le fait que l'hémisphère droit ou gauche est plus sollicité dans une fonction donnée. Crédits : piranka - Getty

"Si l'on parle souvent de déficients mentaux, de névrosés même chez les gauchers, il ne faut pas manquer de rappeler que certains d'entre eux sont naturellement doués, voire géniaux..." concédait, sur France Culture en 1978, le producteur Frédéric Christian dans l'émission "Ne quittez pas l'écoute" consacrée aux gauchers. "L'organisation cérébrale du gaucher ne peut pas se réduire à une formule inverse de celle du droitier. C'est ainsi que certains n'ont pas hésité à dire que les gauchers sont mal latéralisés", poursuivait-il.

Plus de 40 ans après, si les gauchers ne sont plus considérés comme des déficients mentaux, force est de constater que "l'organisation cérébrale des gauchers" continue de leur porter préjudice : ces derniers sont en effet les grands absents des études portant sur le cerveau. Que vous tentiez de vous inscrire à une expédition destinée à juger de l'influence de conditions extrêmes sur le cerveau ou plus généralement que vous participiez à une étude nécessitant une imagerie cérébrale, la tradition veut en effet que votre profil soit mis de côté pour peu que vous soyez gaucher.

"C'est une de ces "règles de base" que tout le monde apprend lorsque l'on commence à faire des neurosciences : inclure des gauchers n'est pas une bonne chose, témoigne ainsi Emma Karlsson, postdoctorante en psychologie et neurosciences cognitives à l'université de Bangor du Pays de Galles, dans un article de Vice [en anglais] consacré à ce sujet

Une histoire de latéralisation

En cause ? La nécessité de créer des groupes d'études les plus similaires possibles. Or, le cerveau est composé de deux hémisphères, le gauche et le droit, qui ne jouent pas un rôle identique dans le traitement des informations. Chaque hémisphère gère ainsi la partie opposée du corps humain (si vous touchez un objet avec votre main gauche par exemple, c'est l'hémisphère droit qui traite l'information envoyée, et vice-versa). L'hémisphère gauche, lui, est connu pour avoir une prédominance dans le domaine du langage (l'écriture et la parole) ou la prise de décision.

Cette asymétrie fonctionnelle du cerveau n'exclut pas définitivement l'autre hémisphère du traitement des données, mais elle caractérise le fait que l'hémisphère droit ou gauche est plus sollicité dans une fonction donnée : c'est ce qu'on appelle la latéralisation. Lorsque les scientifiques font des recherches à l'aide d'imagerie médicale pour vérifier les zones où le cerveau s'active, le fait d'écarter les gauchers permet donc de réduire les variations des données récoltées.

 

Dans l'émission Concordance des Temps, l'historien Pierre-Michel Bertrand, auteur de L'Histoire des Gauchers, rappelait ainsi que "les droitiers sont en grande partie majoritaires. Ils représentent quelques 90 % de la population. On s'accorde en général à parler de 10 à 15% de gauchers dans nos démocraties, en Europe et aux Etats-Unis. Le gaucher, de toute manière, est une minorité. Il suffit d'être gaucher soi-même pour s'apercevoir qu'en effet, tout est fait pour les droitiers, du simple stylo accroché aux guichets des banques aux portillons du métro". 

Statistiquement, on est cependant loin de retrouver ces chiffres dans les études consacrées au cerveau. Un rapport publié en avril dernier, intitulé "Un sujet sinistre : quantifier les biais de recrutement des gauchers dans la recherche actuelle en neuroimagerie" [en anglais], chiffrait le nombre de gauchers présents dans les études faisant appel à une imagerie du cerveau : sur 30 000 personnes, ils n'étaient ainsi que 3,2 % de personnes gauchères.  

"L'idée c'est qu'il vaut mieux jouer la sécurité, être prudent et exclure les gauchers, précise Lyam Bailey, doctorant en neurosciences et l'un des auteurs de l'étude. Ce genre de mentalité est devenue très profondément ancrée dans les neurosciences cognitives". Un constat qui, selon lui, n'a pas que des avantages, et qui pose en plus le problème de priver les gauchers des potentiels résultats positifs de ces études  :

Lorsque vous avez un champ entier [de la recherche] qui exclut les gauchers, vous privez 10% de la population d'avantages réels et tangibles auxquels leurs pairs ont librement accès. Nous ne savons pas ce que nous ne savons pas... Les gauchers pourraient être plus susceptibles de présenter des différences dans certaines caractéristiques, en ce qui concerne la mémoire, l'attention ou la structure du cerveau, par exemple. Mais nous ne le savons pas, parce qu'ils ne sont pas inclus dans la recherche...

Des gauchers longtemps mal perçus

Si la démarche initiale fait sens (essayer d'obtenir des données identiques pour détecter plus facilement un changement), elle traduit néanmoins le fait que les gauchers ont longtemps été considérés comme accessoires, voire malades. Dans l'émission "Ne quittez pas l'écoute", prenant pourtant place en 1975, le docteur Haecan, directeur d'études à l'EHESS et directeur de l'Unité de recherche neuro-psychologique et neuro-linguistique de l'Inserm, estimait ainsi le nombre de gauchers à environ 6 % de la population et répondait aux questions inquiètes des auditeurs : 

Vous dites qu'il y a un fort pourcentage de gauchers parmi les déficients mentaux, mais je pense alors que ce ne sont pas des vrais gauchers. Ce sont des gens qui ont eu des lésions cérébrales à la naissance, parce que je crois qu'il n'y a pas plus de névrosés ou de troubles mentaux chez les gauchers que chez les droitiers. Deuxièmement, il est vrai que les gauchers, jusqu'à un certain point, sont une minorité opprimée. Étant donné que tout est fait pour les droitiers et que, par exemple, les instruments à peler les pommes de terre sont conçus uniquement pour les droitiers. Mais écoutez, il y a au moins 93 ou 94 % de gens droitiers.... Je ne sais pas si économiquement et dans une société de production, on pourra faire des outils pour les gauchers. Mais ça, ce n'est pas mon problème !

Dans l'émission Concordance des temps, l'historien Pierre-Michel Bertrand remontait en effet le fil de l'Histoire et s'attachait à démontrer que les gauchers, de tout temps, ont été contraints de vivre dans un monde pensé exclusivement pour les droitiers. Parmi de nombreux exemple, il rappelait entre autres que L'Ecclésiaste 10-2 statuait ainsi, dès le IIIe siècle avant J.-C. que "le cœur du sage est à sa droite, et le cœur de l'insensé à sa gauche" :

La Bible, la matrice de notre civilisation occidentale, est la grande pourvoyeuse de préjugés. Mais le modèle qui a le plus influencé la discrimination entre la main droite et la main gauche, c'est celui du Jugement dernier. Vous savez qu'à la fin des temps, il est prévu que le Christ revienne sur Terre pour juger les hommes et qu'il placera ceux qu'on appelle les brebis, c'est-à-dire les bons, ceux qui auront respecter les préceptes évangéliques, à sa droite. Il leur dira "Venez le royaume des cieux, vous est ouvert". Et les boucs, il les placera en revanche à sa gauche, et leur dira "Retirez-vous de moi, maudits, allez au feu éternel !". Les Pères de l'Église, les théologiens ont beaucoup glosé sur cette séparation de l'humanité et en ont conclu, de manière unanime, que pour espérer être du bon côté le moment venu, il faut d'ores et déjà, dès à présent, dans notre petite vie de mortel, faire en sorte de suivre cet exemple et de privilégier, nous aussi, notre droite à notre gauche.

Quelques millénaires plus tard, les gauchers se sont débarrassés de l'image négative qui leur collait à la main. Mieux encore, dans un curieux retournement de situation, le bruit court régulièrement que les gauchers sont plus susceptibles de devenir des génies, avec pour exemple à l'appui Leonard de Vinci ou Albert Einstein. La réalité est sans doute plus terre à terre : les gauchers, au même titre que les droitiers, sont tout ce qu'il y a de plus normaux. 

Rédigé par hl_66

Publié dans #Réflexion